NOUMÉA

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Chef-lieu de la Nouvelle-Calédonie, Nouméa, initialement dénommée Port-de-France, constitue la principale agglomération du Territoire. Elle est née en 1854 de la volonté du capitaine Tardy de Montravel qui fut séduit par l’excellence de son site: une presqu’île vallonnée de 42 kilomètres carrés, facile à défendre côté terre, comportant de nombreuses baies et, sur sa façade occidentale, un vaste plan d’eau bien abrité tant à l’est par une série de collines situées en demi-cercle qu’à l’ouest par l’île Nou.

Le damier initial qui s’identifie actuellement au centre-ville fut aménagé par arasement des buttes et comblement des marécages. La disposition d’une main-d’œuvre pénitentiaire nombreuse a déterminé à l’origine l’édification d’un espace bâti géométrique, sans tenir compte des contraintes du site.

Port-de-France fut d’abord un établissement militaire. Puis quelques commerçants vinrent s’installer dans l’orbite du fort Constantine (site de l’actuel hôpital). Mais il fallut attendre les années 1880 pour découvrir une ville forte de 4 000 à 5 000 habitants dont 600 soldats tenant garnison. Le cap des 7 000 habitants fut franchi au tournant du siècle. La ville débordait alors largement du quadrilatère initial. Depuis 1877, des infrastructures industrielles permettaient le traitement du nickel (d’abord dans les hauts fourneaux de la pointe Chaleix, puis dans ceux de Doniambo). L’espace bâti de 1900 s’étendait sur 200 hectares environ: outre le port et le damier du centre-ville, il comportait au nord les aménagements des vallées du Tir, au sud ceux du quartier Latin, de la pointe de l’Artillerie et de la baie de l’Orphelinat, à l’est ceux du faubourg Blanchot et de la vallée des Colons.

Au cours des années 1920, la population dépasse 10 000 habitants, mais l’espace bâti ne s’accroît guère, ayant plutôt tendance à se densifier. Les services publics et privés se développent, la voirie s’améliore. Sous l’impulsion du gouverneur Guyon, un plan d’équipement du Territoire et de son chef-lieu voit le jour. Nouméa perd alors son caractère de village; l’espace horticole tend à être rejeté en périphérie de l’espace bâti. Néanmoins, pendant longtemps encore de vastes aires en friche restent incluses dans l’agglomération.

Entre 1942 et 1945, Nouméa est le siège du quartier général des armées alliées manœuvrant dans le Pacifique: pendant trois ans, plus de 80 000 soldats américains y résident en permanence; le sud de la presqu’île est alors assaini et aménagé. En 1946, la ville retrouve sa population normale (15 000 hab.), mais elle s’étale sur 380 hectares.

La politique des grands travaux reprend et, de 1946 à 1960, l’espace bâti progresse de 370 hectares. Avec une superficie bâtie de 750 hectares, la ville accueille plus de 30 000 habitants (1960). La pression démographique est encore modérée, les immeubles à étages rares.

La grande poussée urbaine va se produire à partir de 1968 lorsque l’unité métallurgique de Doniambo se restructure et s’agrandit (la production de métal passant progressivement de 20 000 t/an à 85 000 t/an) en profitant d’une conjoncture mondiale favorable. En quelques années, 20 000 immigrants vont s’implanter à Nouméa et dans les environs. C’est lors du «boom économique» de 1969-1972 que sont programmés et partiellement réalisés les grands ensembles collectifs des quartiers périphériques. L’agglomération déborde alors le cadre de la presqu’île. Entre 1960 et 1975, l’espace citadin progresse de plus de 1 000 hectares dans la commune de Nouméa (atteignant ainsi 1 800 ha pour 55 000 hab.), de 1 600 hectares si on y adjoint les lotissements implantés à Dumbéa (4 000 hab.) et au Mont-Dore (10 000 hab.). Malgré le tassement des affaires qui fait suite au «choc pétrolier» et qui s’est poursuivi au début des années 1980, l’agglomération de Nouméa ne cesse de progresser en étendue et en population. En 1989, 65 000 personnes vivent sur un espace bâti de 2 300 hectares dans la presqu’île de Nouméa, auxquelles s’ajoutent 32 000 personnes urbanisées sur 900 hectares supplémentaires en banlieue (Mont-Dore, Dumbéa, Païta): 60 p. 100 de la population de la Nouvelle-Calédonie se concentrent donc dans cette agglomération.

Le paysage ethnique de Nouméa diffère sensiblement de celui du Territoire. De tout temps, on la dit «ville blanche». En fait, depuis le boom de 1969-1971, ce qualificatif a perdu de sa pertinence. Certes la communauté d’origine européenne reste majoritaire, mais le caractère pluriethnique de la ville s’affirme sans cesse: entre 1969 et 1989, la part des Européens dans la population de la commune de Nouméa a régressé de 63 p. 100 à 53 p. 100, alors que dans le même temps celle des Mélanésiens progressait de 16 p. 100 à 21 p. 100, celle des Polynésiens (Tahitiens ou Wallisiens) de 12 p. 100 à 14 p. 100 et celle des Asiatiques (Vietnamiens ou Indonésiens) de 3 p. 100 à 8 p. 100. La pluriethnicité est encore plus nette en banlieue. Et comme nombre de personnes sont en fait métissées, on assiste à l’émergence d’une société créole autour de laquelle l’archipel tout entier devrait à terme forger son unité culturelle, assurer sa personnalité.

L’agglomération nouméenne est le pôle économique dominant de la Nouvelle-Calédonie. Sur les 36 000 actifs (hors agriculture) travaillant dans l’archipel, le chef-lieu en occupe à lui seul 27 000.

Depuis 1983, la population active de Nouméa participe à la formation des trois quarts p. 100du produit intérieur brut. Le port en eau profonde se classe parmi les quinze premiers ports français avec un trafic de 3,7 millions de tonnes en 1993 et figure parmi les ports le mieux équipés du Pacifique Sud. La plupart des activités industrielles et de services se concentre dans la ville-capitale: l’usine métallurgique (Doniambo), deux usines thermo-électriques (centre-ville et Ducos), une cimenterie, des ateliers de torréfaction, une minoterie, une huilerie, des unités de chimie, d’habillement, de menuiserie, des dépôts de carburants, des brasseries, les instances représentatives de l’État et du Territoire, les grandes maisons de commerce, l’hôpital, les banques, les casernes, les collèges et lycées, l’aéroport local et le centre universitaire, le stade et le vélodrome, le centre de recherche O.R.S.T.O.M., les grands hôtels et la piscine olympique.

Un port moderne a été édifié après remblaiement entre la grande et la petite rade, à partir du centre-ville jusqu’à l’ancienne île Nou. Des débarcadères de plaisance et des marinas se sont développés dans les baies de la façade sud-ouest de la presqu’île. Une nouvelle gare maritime a été ouverte en 1993. Une autoroute relie à présent le chef-lieu du Territoire à l’aéroport international de Tontouta éloigné d’une soixantaine de kilomètres. Des voies de grand gabarit et de vastes parkings doivent faire face à une circulation automobile intense: chaque ménage en moyenne dispose de deux véhicules.

Compte tenu de l’importance de ses activités, Nouméa rayonne non seulement sur l’archipel néo-calédonien, mais sur une partie de l’Océanie insulaire. Depuis 1946, elle abrite en effet la Commission du Pacifique Sud qui coordonne les plans internationaux de développement économique, social et sanitaire dans cette région du monde.

Nouméa
port et ch.-l. de la Nouvelle-Calédonie; 60 200 hab. Aéroport. Archevêché.
Métallurgie (nickel) à Doniambo; industries alimentaires.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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